USA:Interview Exclusive de Docteur ERIC EDI Secrétaire Exécutif du CACI
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POUR EN SAVOIR UN PEU PLUS SUR LES PATRIOTES IVOIRIENS DES ETATS UNIS
Suite à la fin de la parodie des élections présidentielles en CI, notre blog Afrikanews a décidé de faire une série d’interviews aux leaders de la diaspora ivoirienne pour comprendre leurs points de vue et état d’esprit dans cette phase critique de l’histoire de la CI. Voici en integralite linterview accordee par le Docteur Eric Edi a AFRIKANEWS votre blog panafricain
Afrikanews : Monsieur Eric EDI pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs et la nature de votre organisation dans la communauté africaine aux Etats Unis avec ses objectifs et activités récentes car votre pays d’accueil qui est déjà très vaste est en lui seul un continent.
Eric Edi : Merci pour cette interview que vous accordez au Comité d’Actions pour la Côte d’Ivoire (C.A.C.I) afin de parler des actions que nous menons aux Etats-Unis. Je suis Eric Edi. Je suis le Secrétaire Exécutif du CACI, qui est une plateforme d’organisations des Ivoiriens patriotes et souverainistes engagés pour la souveraineté et la justice sociale en Côte d’Ivoire. Il est nécessaire d’indiquer que les groupes et les personnes qui forment le C.A.C.I ne font que poursuivre une lutte, qui a debuté le 19 septembre 2002, le jour où des rebelles ont attaqué la Côte d’Ivoire. A travers des marches, meetings, actions diplomatiques, ces groupes ont contribué à éclairer l’opinion publique américaine et les milieux politiques sur l’imposture de la rébellion et le bien-fondé d’une collaboration avec le régime de Laurent Gbagbo.
En 2010 à la suite de la crise, qui a suivi les élections remportées par le président Laurent Gbagbo, ces groupes se sont d’abord donné un statut juridique et ensuite ont jugé nécessaire d’endiguer leurs forces à travers une plateforme le 13 mai 2012 à Silver Spring dans l’État de Maryland.
A sa création, le CACI s’est doté d’une charte qui indique qu’il ne reconnait pas le régime d’Alassane Ouattara, appelle à son départ comme la seule alternative pour un dialogue politique résolument républicain et capable de conduire à une réconciliation vraie. Les actions du C.A.C.I se situent à plusieurs niveaux. Premièrement, il s’agit de rencontrer les milieux politiques américains y compris le Congrès et le département d’état américains, les chancelleries, et les représentants de partis politiques africains et caribéens aux USA. Il y a quelques jours, j’ai participé à une rencontre avec M. Mara Moussa, ancien premier ministre du Mali et président du Parti Yelema. Deuxièmement, notre action consiste à travailler avec les partis politiques ivoiriens et les organisations de la société civile. Par exemple, le C.A.C.I travaille étroitement avec le CNRD et des organisations de patriotes ivoiriens en Europe et au Canada pour échanger des idées et soutenir les actions des uns et des autres. Enfin, nous contribuons aussi à la réflexion sur la situation ivoirienne. Le C.A.C.I se réjouit d’être parmi les premiers à appeler les ivoiriens à exiger une transition politique. Voilà en quelques mots les grands chantiers du CACI. Je profite pour dire merci aux camarades membres de cette plateforme, qui reste la seule force des patriotes ivoiriens aux États-Unis. Nous avons pu asseoir un groupe homogène, qui se réunit mensuellement en téléconférence et semestriellement en réunion dite physique.
Afrikanews : Aujourd’hui peut-on dire que les Ivoiriens des Etats Unis sont mobilisés et actifs dans le combat qui se mène depuis ces dernières années que Alassane Ouattara est au pouvoir.
Eric Edi : Bien entendu on peut le dire et on doit le dire haut et fort tout en reconnaissant les faiblesses de nos actions. Le C.A.C.I félicite ces Ivoiriens et Ivoiriennes des Etats Unis pour ce qu’ils ont fait et sont prêts à faire. Les soutiens financier et en matériels que le CACI a apporté aux réfugiés du Ghana et du Togo ont été possible grâce à ces Ivoiriens et Ivoiriennes. Le champ des États-Unis est vaste et compliqué. Mais les Ivoiriens ici tirent leur épingle du jeu. Lors de la parodie d’élections que le régime d’Alassane Ouattara a organisé le 25 Octobre 2015, les patriotes et souverainistes ivoiriens aux États-Unis ont organisé des rassemblements devant le siège des Nations-Unies, mené des campagnes de boycott au point où l’affluence que nous avons connue dans les différents lieux de vote lors de la présidentielle de 2010 ne s’est pas reproduite cette année. C’est une preuve que les Ivoiriens des États-Unis sont, pour la plupart restés dans la dynamique de l’intransigeance face au régime d’Alassane Ouattara. Comme je l’ai dit, il y a des améliorations à apporter à notre contribution à la démocratisation effective de notre pays, surtout que nous sommes dans un pays dont l’exécutif continue de soutenir le régime d’Abidjan et de rester quasiment sourd nos appels. Mais en tant qu’acteur sur le terrain, je confirme que les Ivoiriens des États-Unis suivent avec intérêt l’évolution de la situation politique en Côte d’Ivoire et agissent en conséquence.
Afrikanews : Après les dernières élections présidentielles d’Octobre 2015 quelle leçons tirez-vous de la situation socio politique et économique de votre pays la CI en ce moment ?
Eric Edi : Il y a plusieurs leçons à retenir. Premièrement, le régime illégal et illégitime, qui a renversé le Président Laurent Gbagbo est toujours au pouvoir et continue de jouir du soutien de la françafrique. Il s’y est maintenu par une parodie d’élection que la majorité des Ivoiriens et des Ivoiriennes ont boycottée, et l’ONU et les pays qui prêchent la démocratie ont applaudi. On a vu cette fois-ci l’activisme de l’Ambassadeur des Etats-Unis et des structures comme le National Democratic Institute (NDI) se dire satisfaits de cette élection/intronisation. Leur attitude devrait donner aux démocrates et patriotes ivoiriens une idée de l’immensité de la tâche qui nous revient. La deuxième leçon c’est que la majorité des Ivoiriens n’a pas changé son attitude face au régime au pouvoir. Le faible taux de participation, qui fait l’objet de manipulation et tant de débats, montre que le régime au pouvoir est vomi. C’est une bonne note, qui appelle à ne pas perdre espoir. La troisième leçon, c’est la cacophonie que les forces du changement, je veux dire les partis et les leaders de l’opposition, ont entretenue durant la période des élections. L’incohérence de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) a donné l’image d’une opposition fragmentée et sans repère. La quatrième leçon, c’est que la réconciliation s’est davantage éloignée et les patriotes ivoiriens doivent travailler plus pour y aboutir, puisque M. Alassane Ouattara n’est pas l’homme de cette réconciliation, n’a pas les moyens et surtout la volonté de faire avancer les choses. Une cinquième leçon à tirer est que la classe politique et sociale ivoirienne subit une recomposition apparente qui implique nécessairement un nouveau leadership et des idées nouvelles. Sur ce dernier point, justement, le CACI s’est donné pour mission d’inonder l’espace politique ivoirien de réflexions bien muries parce qu’il n’y a pas d’alternatives à la réflexion. Par exemple, à notre dernière réunion, nous avons planché sur la question : « on fait quoi maintenant et comment ? »
Afrikanews : Votre organisation a-t-elle défendu une position précise entre le boycott systématique prôné par le Fpi du Président Sangaré Aboudramane au nom de la ligne puriste proche de Laurent Gbagbo et l’autre position défendue par Affi NGUESSAN qui a été candidat et crédité de 9 pour cent de votes ?
Eric Edi. Les membres du CACI n’ont pas eu besoin du mot d’ordre d’un parti pour rester loin de cette élection du 25 Octobre 2015. Tant que notre postulat de départ est que le régime d’Alassane Ouattara est illégitime et illégal et que seul son départ est la solution au mal ivoirien, nous nous sommes commandé de rester intransigeants, réclamer une transition politique et une réconciliation, qui inclut la libération de tous les détenus politiques, y compris le Président Laurent Gbagbo. Donc logiquement les élections ne nous concernaient pas. Nous avons produit des déclarations en ce sens, interpellé les acteurs politiques de la CNC, et demandé aux Ivoiriens et Ivoiriennes de ne pas aller se faire enrôler encore moins prendre part au scrutin. Une semaine avant le scrutin, le CACI a mené une campagne assidue de sensibilisation pour appeler au boycott. J’ai eu l’honneur d’accorder une interview à Ivoirtv.net et bien d’autres chaines pour lancer le même appel. Nous avions aussi échangé avec certains candidats et des leaders de l’opposition par courriers et en Skype. D’ailleurs je saisis cette occasion pour dire merci à Mme Bonie-Claverie, M. J-J. Béchio, et M. Essy Amara, qui nous ont fait l’honneur de participer à notre dernière réunion physique.
En ce qui concerne l’attitude de M. Pascal Affi Nguessan, elle est déplorable et insoutenable. Nous sommes toujours restés fidèles à trois principes : garder notre indépendance vis-à-vis des partis politiques ivoiriens, refuser d’être une caisse de résonnance desdits partis, et dénoncer tout acte qui viserait à légitimer M. Alassane Ouattara.
Sur la base de ces principes, il n’y avait aucune raison d’accorder un intérêt à la démarche de M. Affi N’guessan. Le C.A.CI ne l’a pas suivi et ne pouvait pas le suivre parce que sa démarche reflétait une compromission que nous avions perçue très tôt. Pour preuve, nous avions produit dans la presse ivoirienne des déclarations sur le changement du discours de ce dernier depuis sa sortie de prison. Nous avons aussi constamment interpellé le Secrétariat du FPI par courrier adressé à M. Laurent Akoun.
Quand la crise au FPI a pris les proportions que nous connaissons tous, le C.A.C.I a produit une déclaration de soutien à M. Aboudramane Sangaré et appelé à une résolution rapide de cette crise. Grace à notre collaboration avec le CNRD et l’Ambassadeur Kokora Pascal, nous avions compris les fondements de cette crise interne au FPI.
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Afrikanews : Maintenant que Ouattara s’est auto plébiscité président élu avec une CEI aux ordres et un conseil constitutionnel taillé sur mesure, malgré ce fort taux visible d’abstention comment voyez-vous l’avenir du combat pour les libertés, la démocratie et l’avenir de la CI ?
Eric Edi : Le combat sera rude mais passionnant et excitant. Il n’y a pas de raisons de baisser les bras. M. Ouattara Alassane comme un bon dictateur utilise tous les artifices du pouvoir pour étouffer et réprimer toute contradiction. Ses tactiques sont connues de tous : emprisonnements, corruption, rattrapage ethnique, gel des avoirs des opposants, torture des prisonniers, etc., le tout avec le soutien de la communauté internationale. Mais la difficulté du combat n’est pas synonyme de l’improbabilité du succès. Nous savons que la lutte paie et nous y croyons. Donc, nous appelons les Ivoiriens à prendre courage et rester dans la lutte.
Afrikanews : Avec plus de 400 prisonniers politiques encore détenus Ouattara semble durcir le ton en menaçant de vider le FPI DE SA SUBSTANCE. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?
Eric Edi : Pour nous c’est une déclaration de guerre qui montre que le FPI compte encore sur l’échiquier politique ivoirien. Sinon, on ne peut pas faire de la destruction du FPI, un programme de gouvernement surtout quand on crie sur tous les toits qu’on est majoritaire. On ne peut pas garder des gens en prison pendant des années et appeler à une réconciliation et parler d’Ivoiriens nouveaux. De toutes les façons, il n y a rien de nouveau sous les tropiques. M. Alassane Ouattara est dans une logique de régression politique vers le parti unique. Je pense que cette déclaration et la poursuite des emprisonnements visent une seule chose : asphyxier toute opposition et réintroduire subtilement le parti unique dans le pays. Mais M. Alassane Ouattara semble oublier que le monde a évolué. La mondialisation, les nouvelles technologies de communication et les identités qui se font, défont, et refont ne permettent pas de violer indéfiniment les libertés individuelles.
Afrikanews : Aujourd’hui avec la division au sein du FPI comment voyez-vous l’avenir de ce parti et de l’opposition toute entière en CI ?
Eric Edi : Dans une de nos déclarations, nous écrivions que le FPI avait un rôle historique à jouer. C’est un parti qui, à cause de Laurent Gbagbo et Simone Gbagbo, continue d’avoir une bonne réputation auprès de la majorité des Ivoiriens. C’est un parti que les Ivoiriens reconnaissent comme le moteur, qui les a sortis des griffes du parti unique Houphouetien. C’est un héritage qui ne s’effrite pas facilement et M. Alassane Ouattara, son régime et le RHDP en général le savent. C’est pourquoi, nous regrettons que ce parti n’ait pas gardé sa cohésion. Ceci étant dit, il faut bien reconnaitre que la partie ne s’annonce pas facile pour le FPI dans la reconquête du pouvoir politique. A l’instar du FPI, c’est toute l’opposition ivoirienne, qui souffre d’une énorme baisse de régime pour plusieurs raisons diverses. Le visage que la CNC a présentée et la formation de nombreuses coalitions sans succès depuis le 11 avril 2011 sont symptomatiques des difficultés que rencontrent l’opposition. Ces difficultés sont aussi apparentes et exacerbées par la faiblesse de la société civile ivoirienne et le quasi- mutisme du clergé ivoirien. A ce niveau, il faut dire merci au clergé catholique dont certains membres ont dénoncé ouvertement les abus du régime. En dehors de ceux-là, les leaders des autres confessions notamment l’Eglise méthodiste Unie ont gardé le silence. C’est pourquoi, la diaspora doit se rendre compte du rôle qui lui revient : porter la charge depuis l’extérieur.
Afrikanews : Au vu de l’actualité dans le monde avec les attaques terroristes en France et l’évolution de la position de François Hollande vis-à-vis des rebelles en Syrie, comment voyez-vous l’évolution de la crise syrienne avec ou sans Bachar ASSAD
Eric Edi : Ce sera l’ « iraquisation » ou la « libysation » de la Syrie si le Président Assad devait partir. Nous soutenons la position de Jean-Luc Mélenchon sur cette question. Soucieux de la souveraineté des Etats, nous ne pouvons qu’appeler au respect des institutions politiques des pays membres du système international. Depuis longtemps, nous avons dénoncé cette guerre. Aujourd’hui les lignes bougent depuis l’entrée en scène de la Russie et les attaques des terroristes en France et maintenant aux Etats-Unis. La France semble avoir abandonné la logique du départ d’Assad, la Turquie est aujourd’hui critiquée pour le recel du pétrole vendu par les terroristes. Le président Obama a quant à lui refuser d’envoyer des troupes en Syrie mais de poursuivre les frappes contre l’Etat Islamique. Ces discours montrent bien que les lignes ont changé. Bachard El Assad a gagné sa guerre. Il demeure un levier sûr pour le retour à la paix dans ce pays comme le Président Laurent Gbagbo, qui demeure le maillon sans lequel la paix en Côte d’Ivoire est incertaine.
En dehors de cette question, l’actualité récente est aussi marquée par l’implication avérée de M. Soro Guillaume dans le putsch manqué au Burkina Faso. Pour nous, il n’y a pas de doutes que M. Soro Guillaume est fortement impliqué. Mais en plus c’est tout le régime de M. Alassane Ouattara, qui a montré encore une fois qu’il représente une menace pour la stabilité de la région ouest-africaine. C’est pourquoi, nous disons merci à ceux qui ont saisi la CEDEAO, l’Union Africaine et d’autres instances pour situer les responsabilités et prendre les mesures qu’il faut. En ce qui concerne les Ivoiriens, ils devront finalement se convaincre de l’urgence du départ de M. Alassane Ouattara et l’instauration d’une transition politique en Côte d’Ivoire.
Afrikanews. Avec l’évolution du monde comment voyez-vous l’Afrique dans les prochaines décennies et que préconisez-vous face à ceux qui disent que l’avenir de l’Afrique se trouve dans son unité comme le prône d’ailleurs votre blog Afrikanews Ubuntu Maya Jean Charles Pour AFRIKANEWS UBUNTU
Eric Edi. Premièrement, je suis de ceux qui pensent que le post-colonialisme est un leurre et que l’Afrique demeure dans le combat anticolonial. Cette phase de la lutte n’a jamais été achevée et nous sommes rentrés dans le néocolonialisme. Les discours de la Baule en 1990, de Dakar en 2007, l’intervention de la France dans le conflit ivoirien, les bombardements impunis de l’hôtel ivoire en 2004, l’ingérence de la France dans les élections de 2010 en Côte d’Ivoire et au Gabon, toutes ces choses indiquent l’enracinement de la Françafrique d’une part et de l’hégémonie occidentale sur l’Afrique d’autre part. A cause de tout ça, l’Afrique pourrait demeurer dans une situation déjà difficile même si les économistes disent que les chances de croissance sont économiques existent. Je suis d’avis que l’avenir de cette Afrique ne pourra se jouer que sous l’égide du panafricanisme. Je préconise le panafricanisme pragmatique dans les lignes tracées par Cheick Anta Diop et repris un peu par Laurent Gbagbo. Comme l’auteur Ghanéen Ayi Kwei Armah, il est temps de passer de la critique des programmes présents à l’invention et la mise en application de nouvelles politiques de développement. En plus, cette unité culturelle, politique et économique de l’Afrique devrait se renforcer dans le cadre de la coopération sud-sud. Nous saluons à juste titre les derniers sommets Inde-Afrique et Chine Afrique, qui offrent avec la Coopération Russie et la Coopération brésilienne de nouvelles chances de développement aux pays Africains.
Le C.A.C.I vous remercie
Afrikanews: C’est plutot nous qui vous remercions pour votre disponibilite et le combat que vous mener pour votre pays et l Afrique toute entiere
Interview realiser par Maya JEAN Charles pour AFRIKANEWS
Email: mspdinfos@gmail.com